Formation des enseignants : deux projets de texte précisent l’oral de titularisation et les modalités de l’alternance

Les organisations syndicales ont examiné, au ministère de l’Éducation nationale le 23 juillet 2020, un projet de texte qui définit les contours de l’oral de titularisation – décidé lors de la crise sanitaire – que devront passer en 2021 les stagiaires enseignants, CPE et psyEN, et un projet de circulaire qui précise les modalités de l’alternance des professeurs et CPE qui résultent de la réforme de la formation des enseignants.

Les enseignants-stagiaires 2020-2021 passeront un oral de titularisation en 2021 © rawpixel – Unsplash

Ce sont deux textes attendus qu’ont examinés les syndicats au ministère de l’Éducation nationale, lors d’une réunion de travail le 23 juillet 2020. Ils concernent la formation initiale des enseignants : l’un résulte d’une mesure prise en réaction à la pandémie de la Covid-19, l’autre de la réforme de la formation des enseignants.

Le premier, un projet de fiche, définit les contours de l’oral de titularisation que devront passer en 2021 les lauréats du concours de la session 2020 et qui entameront leur stage à la rentrée. Pour ces néo-enseignants, qui n’ont pas passé d’oral d’admission, celui-ci ayant été supprimé en raison des conditions sanitaires, le MEN a décidé de “renforcer” le processus de titularisation en fin d’année prochaine en mettant en place un oral.

Le second texte, un projet de circulaire, précise les modalités de l’alternance des professeurs et CPE inscrits en master MEEF à partir de l’année 2021-2022, qui est modifiée avec la réforme de la formation des enseignants et le déplacement du concours.

QUEL ORAL DE TITULARISATION POUR LES STAGIAIRES DE 2020-2021 ?

L’oral prend la forme, selon le projet de texte, “d’un entretien professionnel”, qui complète les appréciations des inspecteurs et tuteurs pour la titularisation. Tout en “ne constituant pas une épreuve du concours déportée”, l’oral remplit notamment ces objectifs :

  • “évaluer des compétences habituellement vérifiées lors des oraux”, telles que “la capacité d’argumentation”, “la capacité réflexive par rapport aux compétences attendues d’un professeur” ou “l’intégration des valeurs de la République” ;
  • “avoir de ce fait un caractère probatoire sur la compétence didactique et la capacité comportementale à enseigner durant toute une carrière”.

Le projet de texte justifie l’instauration exceptionnelle d’un oral de titularisation par le fait notamment que “de nombreux présidents de jury ont fait observer que la suppression des oraux altérait significativement l’évaluation des compétences nécessaires au recrutement des enseignants”.

UN AVIS, PAS UNE NOTE

Ainsi, cet entretien professionnel fera partie intégrante de “la procédure de titularisation et interviendrait en amont des travaux des jurys de titularisation”. Il ne sera en revanche pas sanctionné d’une évaluation chiffrée mais par un avis – favorable, réservé, défavorable – assorti obligatoirement d’une appréciation littérale. Il ne nécessitera pas en outre “de préparation spécifique au cours de l’année”.

Selon ce projet de texte, ces oraux se tiendront entre mars et juin et seront organisés par les académies. Les membres de la commission en charge de l’entretien “ne pourront participer au jury académique de titularisation pour le même stagiaire”, est-il précisé.

ORAL DE 30 MINUTES EN DEUX PARTIES

Concrètement, l’oral durera 30 minutes, sans temps préalable de préparation ni apport de document. Les 10 premières minutes seront un “temps de présentation” qui “prend appui sur une seule situation professionnelle”. Pour un enseignant, par exemple, il s’agira notamment de “décrire ou analyser la façon dont il conçoit et organise les apprentissages des élèves” et “décrire son action dans le contexte de l’équipe pédagogique”. Le stagiaire devra également “identifier les éventuelles difficultés qu’il a rencontrées dans cette situation et analyser les réponses qu’il a mises en œuvre pour y remédier”.

Après cette première étape s’ensuivra un entretien de 20 minutes qui évaluera notamment “les compétences liées à la maîtrise des contenus disciplinaires et à leur didactique”, “les compétences relatives à la prise en compte des éléments réglementaires et institutionnels de son environnement professionnel”, “les compétences relationnelles, de communication et d’animation”.

QUELLE ALTERNANCE AVEC LA RÉFORME ?

Le projet de circulaire précise le “cadre de gestion concernant le recrutement et l’emploi des professeurs et CPE contractuels alternants inscrits en master MEEF”, en conséquence de la réforme de la formation des enseignants.

Le contrat de travail de ces alternants sera, selon le projet de circulaire, “un contrat de droit public conclu par le recteur d’académie pour une durée de douze mois consécutifs compris sur la durée du master”. Cette alternance pourra ainsi se dérouler en M1, en M2 ou en M1 et en M2. Le texte souligne toutefois que, “pour les étudiants entrant en première année de master à la rentrée 2020, la réalisation de l’alternance au cours des troisième et quatrième semestres est privilégiée”.

LE RECTORAT CONDUIT LA PROCÉDURE DE RECRUTEMENT

Le rectorat “pilote le dispositif et conduit la phase de recrutement”, “identifie les établissements et écoles d’accueil des alternants”, “conduit la phase de recrutement” et “assure le suivi des alternants et anime le réseau des tuteurs de terrain”.

Le rectorat doit alors “communiquer à l’Inspe le volume et la nature des berceaux d’alternance qu’il propose aux étudiants” et “tenir compte des vœux d’affectation formulés par les candidats sélectionnés”. Il s’agit aussi de veiller à “affecter les contractuels au plus près de leur Inspe ou, à défaut, de leur domicile” et “d’éviter de les affecter sur des postes spécialisés ou de leur confier un service dans les écoles et établissements relevant des réseaux d’éducation prioritaire renforcé (REP+), ainsi que dans les classes élémentaires les plus délicates de type cours préparatoire ou cours moyen seconde année”.

ALTERNANCE MASSÉE OU FILÉE

En ce qui concerne les missions des alternants, elles consistent, pour les professeurs, à “assurer une mission d’enseignement en pleine responsabilité devant une classe” sur un temps correspondant au “tiers de l’obligation réglementaire de service”.

Celui-ci peut s’organiser “de manière filée sur l’ensemble de l’année scolaire” – 3 demi-journées par semaine dans le premier degré ou de 6 heures par semaine dans le second degré – ou “de façon massée sur différentes périodes”, sur 12 semaines. Un mixte des deux modalités est aussi possible.

LE MONTANT DE LA RÉMUNÉRATION PAS ENCORE FIXÉ

La rémunération des alternants n’est pas encore fixée. Une fraction de l’Isae, dans le premier degré, ou de l’Isoe, dans le second, sera aussi versée, au prorata du temps effectif de service. Cette rémunération est “compatible avec l’attribution des bourses sur critères sociaux de l’enseignement supérieur”.

Deux tuteurs accompagnent l’alternant : “un tuteur désigné, dans la mesure du possible, au sein de la structure d’accueil et par un personnel désigné par l’Inspé”. L’alternance, “évaluée à la fois à travers une ou plusieurs unités d’enseignement du master, et les appréciations des tuteurs”, vaut pour 20 crédits ECTS.

Une nouvelle réunion sur ces projets de texte devrait avoir lieu fin août.

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